Vallée d'Aoste
Suisse : 100% en Valais
Valais : <1% avec <1 hectare
Rouge de Fully
Descendant du Roussin
14 - 16°C
Fruits rouges et noirs
Épices
Volaille rôtie, légumes grillés, reblochon doux, etc.
©Lescepages
Originaire du Val d’Aoste voisin, la Durize appartient à la famille des Oriou, dont font également partie deux autres cépages valaisans emblématiquement alpins : le Cornalin et l’Humagne Rouge. Connue localement sous le nom de « Rouge de Fully », elle partage avec ses cousins alpins une histoire riche et complexe, illustrant bien les échanges transfrontaliers entre la Suisse et l’Italie.
Mentionnée dès 1615 dans des documents d’époque, la Durize tient son nom patois du terme latin duracinus, formé de durus (dur) et acinus (baies), en référence à la peau particulièrement épaisse de ses grains. Ce caractère robuste explique d'ailleurs sa résistance aux maladies cryptogamiques et aux intempéries.
Durant le XIXᵉ siècle, elle était largement cultivée à Fully, occupant une place dominante avant d’être presque totalement anéantie par la crise du phylloxéra au début du XXᵉ siècle. Ce n’est que grâce à l’initiative de quelques familles vigneronnes locales, déterminées à préserver ce patrimoine, que la Durize a survécu, ouvrant la voie à sa timide renaissance actuelle.
La Durize est aujourd’hui l’un des cépages les plus confidentiels du Valais, avec une superficie plantée inférieure à un hectare. Sa culture se limite exclusivement à quelques parcelles situées autour de Fully et Saillon, où une poignée de producteurs engagés œuvre activement à sa préservation.
Parmi ces acteurs-clés figure Henri Valloton, vigneron emblématique de Fully. Dès les années 1980, il a repris l’initiative familiale visant à replanter ce cépage historique sur la fameuse parcelle de la Combe d’Enfer. Cette démarche pionnière a inspiré d’autres producteurs locaux, contribuant ainsi à la redécouverte progressive de la Durize.
Actuellement, une dizaine de vignerons environ vinifient la Durize en monocépage. Malgré sa rareté, elle bénéficie d’un intérêt croissant auprès des consommateurs curieux et des amateurs avertis, séduits par son authenticité et sa fraîcheur montagnarde.
La Durize offre une personnalité bien marquée et très alpine.
À l'œil, la Durize se distingue par une robe rouge rubis vive aux reflets légèrement violacés dans sa jeunesse.
Au nez, ce cépage délivre des arômes fruités typiques de fruits rouges frais, notamment la framboise, le cassis et parfois la groseille. Ces notes fruitées sont complétées par une agréable touche épicée et une légère rusticité évoquant le terroir montagneux valaisan.
En bouche, la Durize révèle une fraîcheur intense et une acidité marquée, signes de son terroir alpin et de sa maturation tardive. Sa structure modérée, soutenue par des tanins fins mais présents, offre un équilibre entre fraîcheur, vivacité et gourmandise. On la qualifie volontiers de « gouleyante » tout en restant « sauvage », un véritable reflet de son terroir et de son histoire.
La Durize se décline aujourd’hui principalement en deux styles distincts selon les approches choisies par les vignerons. D'une part, certains producteurs préfèrent exprimer pleinement le caractère frais, léger et fruité du cépage, privilégiant ainsi une vinification en cuves inox pour préserver toute la vivacité naturelle du fruit. Ce style, accessible et croquant, séduit particulièrement les amateurs à la recherche d'un vin facile à boire, parfait pour accompagner des moments conviviaux et simples.
D'autre part, d'autres vignerons optent pour un profil plus structuré, visant à révéler toute la complexité potentielle de la Durize. Ils récoltent les raisins à maturité optimale, souvent très tardivement, et adoptent un élevage soigné en fûts de chêne anciens, sans toutefois chercher à imposer un caractère boisé trop marqué. L'objectif est avant tout d’apporter au vin davantage de rondeur, de profondeur et d'élégance, tout en préservant la fraîcheur typique du cépage. Ce second style permet à la Durize de se révéler pleinement après quelques années de garde, exprimant alors une belle complexité aromatique et une finesse remarquable.
Grâce à son acidité naturelle élevée, la Durize peut aisément se conserver plusieurs années, en particulier dans ses versions élevées sous bois. Des dégustations de vieux millésimes, comme la fameuse Durize « Combe d’Enfer » de 1996 d'Henri Valloton, ont démontré que ce cépage gagne en complexité avec le temps, développant des notes tertiaires de fruits mûrs, de cuir et d’amande amère.
En résumé, si les cuvées légères s’apprécient idéalement dans leur jeunesse (1 à 3 ans), les cuvées plus structurées offrent un potentiel de garde appréciable allant jusqu’à une dizaine d’années, voire davantage dans les meilleurs millésimes.
Plusieurs facteurs vont influencer le vieillissement d'un vin de manière générale. Premièrement, la conservation du vin joue un rôle primordial. Il faut une cave adaptée. Ensuite, le type de bouchon va jouer un rôle prépondérant quant au vieillissement d'une Durize. Une capsule à vis n'aura pas le même impact qu'un bouchon en liège.
Du côté des viandes, elle s’associe parfaitement à des préparations délicates telles qu’une volaille rôtie, un magret de canard aux fruits rouges, ou encore des grillades légères de porc ou de veau accompagnées de légumes du jardin.
Plus surprenant peut-être, la Durize accompagne également très bien les poissons fins. Elle se révèle particulièrement agréable avec des poissons d’eau douce comme la truite grillée ou l’omble chevalier, rehaussés par une sauce légère aux herbes ou par un beurre parfumé légèrement fruité, créant ainsi un équilibre gustatif inattendu et délicieux.
En ce qui concerne les légumes, la Durize exprime pleinement son caractère lorsqu’elle est mariée à des plats mettant en avant des légumes méditerranéens grillés, tels que les aubergines, courgettes ou tomates confites. Elle accompagne aussi harmonieusement des poêlées de champignons sauvages ou des gratins de légumes aux notes légèrement rustiques.